André Bonvin, souvenirs d'une vie sur les skis

André Bonvin, souvenirs d'une vie sur les skis

Une personne, une histoire

André Bonvin, souvenirs d'une vie sur les skis

André Bonvin est une véritable légende du ski alpin. Compétiteur dès son plus jeune âge, il s’est illustré notamment lors de la mythique course du Kandahar. Professeur de ski à Crans-Montana, il a transmis sa passion à ses clients, dont Charlie Chaplin et ses enfants.

L'hiver passé, André Bonvin a fait une mauvaise chute en descendant d’un télésiège. À 90 ans, sa convalescence est forcément plus longue, mais il n’a pas abandonné l’idée de retourner un jour sur les lattes. L’amour du ski remonte à ses premiers souvenirs. Dès l’âge de 6 ans, alors que les touristes s’essayaient timidement à la pratique d’une activité réservée à de rares casse-cou, André et ses camarades d’école dévalaient déjà les pentes sur des skis rudimentaires : « Nous avions des chaussures de marche avec un clou à l’arrière et un étrier à l’avant, sans rien d’autre pour les attacher. »

VÉRITABLE PROMOTION

À 8 ans, sa sœur lui offre une nouvelle paire de skis pour qu’il puisse participer à son premier concours. Quatre ans plus tard, André adhère au ski-club où les jeunes peuvent s’entraîner grâce à un télésiège situé à l’Arnouva. À 16 ans, il est repéré pour ses performances en descente et bénéficie d’une formation délivrée par un instructeur de l’équipe nationale. Deux ans plus tard, il y intègre les cadres B, puis A, l’élite du pays. Pour André, c’est une véritable promotion : « Avant d’être dans l’équipe nationale, c’étaient les parents qui me donnaient un peu d’argent pour les frais de voyage. Une fois dans l’équipe nationale, presque tout était payé. » Durant sa carrière, André participera au total à une quarantaine de courses internationales. Il remportera de nombreux prix, dont une brillante première place lors de l’équivalent de la Coupe du monde, l’Arlberg-Kandahar de 1953 en Autriche. Ces courses n’avaient rien à voir avec celles d’aujourd’hui : « Il n’y avait pas de sécurité, les filets sont arrivés plus tard. Si tu tombais, tu giclais dans la poudreuse. Les spectateurs avaient juste pour consigne de se placer à quinze mètres de la piste. »

LE STYLE CHAPLIN

Comme beaucoup de ses contemporains, André a dû composer avec la saisonnalité du ski. Chaque été, il travaillait comme contremaître dans l’entreprise de son frère. Cette activité lui permettait de participer aux compétitions tout en lui assurant des revenus réguliers. Après un grave accident qui le força à quitter la compétition, André devint professeur de ski, accompagnant plusieurs générations de fidèles clients.

L’un d’eux, Charlie Chaplin, lui a laissé un souvenir marquant : « J’avais déjà enseigné à ses enfants lorsqu’il a émis le souhait de prendre trois jours de cours avec moi. À 80 ans, il pratiquait une vieille technique de chasse-neige et j’ai renoncé à lui apprendre le christiana, plus adapté à la pente que nous allions emprunter. C’est alors qu’il m’a demandé si je pouvais skier derrière lui. Je me suis exécuté et, une fois arrivé en bas, il m’a expliqué que s’il tombait, je pourrais le relever rapidement, avant que les autres le découvrent en fâcheuse posture. Quant à moi, je n’avais qu’une crainte : que le directeur me voie skier derrière mon client, ce qui ne se faisait jamais ! »

Légende photo: L'ancien professeur de ski André Bonvin a enseigné l'art des lattes a des clients célèbres. ©Pierre-Armand Dussex



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