Le paradis du shopping des Alpes

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Le paradis du shopping des Alpes

Que serait Crans-Montana sans ses boutiques ? Malgré une situation économique peu favorable, les commerçants tirent leur épingle du jeu grâce à une offre diversifiée et la notoriété de la destination.

Comme tous les matins avant l’ouverture des boutiques, Paola, Olga et Manuela se retrouvent pour boire le café sur la rue Louis-Antille. La première est spécialisée dans la mode masculine, la deuxième dans les fourrures de luxe et la troisième dans la confection artisanale d’accessoires. Si leurs univers divergent, leur passion et leurs préoccupations sont les mêmes. Ces auto-entrepreneuses gèrent leur commerce de A à Z depuis de nombreuses années. Elles constatent que les affaires ne sont plus au beau fixe. « Le Covid a épuisé nos réserves et la reprise n’est pas suffisante pour éponger les pertes. Nous tenons bon mais nous sommes ric-rac, comme on dit ! », résume Paola Rapillard.

Un peu plus bas sur l’avenue de la Gare, dans sa boutique de lingerie fine, Marielle Clivaz bataille avec les taux de change désavantageux et la concurrence des fournisseurs sur internet, qui soldent les articles qu’elle vient de mettre en vitrine. « La situation devient compliquée. Il faut fidéliser la clientèle des résidences secondaires, qui aime faire ses emplettes dans un cadre plus tranquille. » Même « les Champs-Élysées de Crans » ont vécu une baisse d’achats. « Environ 60 % de moins que l’été passé, mais pour un chiffre d’affaires identique au final », rassure Stéphanie Viscolo, propriétaire d’une boutique d’articles de luxe sur la rue du Prado. Ici, le retour des clients fortunés a sauvé la saison.

« NE NOUS OUBLIEZ PAS ! »

Après deux étés bien remplis par les Suisses restés en Helvétie, cette dernière saison estivale a accusé une baisse de fréquentation. Les habitudes d’achat ont également changé. « L’intérêt pour les soldes ou la bonne affaire vire à l’obsession, même chez les clients aisés Je n’hésite pas à sacrifier certaines pièces pour les attirer », relève Olga Lorenso. « Il y a aussi ce climat de peur lié à l’inflation et la honte de consommer ce qui n’est pas écologiquement correct… Les gens continuent d’acheter, mais le font sur internet pour que cela ne se voie pas », avance Manuela D’Almeida. Autour de la table de bistrot, les hypothèses fusent. On essaie de comprendre pourquoi les touristes sont moins nombreux à acheter des vêtements actuellement et pour quelle raison les indigènes tournent le dos aux commerces locaux. D’où le cri du cœur de Paola Rapillard : « Ne nous oubliez pas ! Que serait cette rue s’il n’y avait plus de boutiques ? »

DES EVENTS BÉNÉFIQUES

Pour animer les rues commerçantes et faire connaître les enseignes de la station, l’association des Arts & Métiers organise un marché hebdomadaire estival et une braderie en septembre. « Ces deux événements cartonnent et ramènent du monde dans les commerces », se réjouit Marielle Clivaz, qui est aussi la vice-présidente de l’association. Et qu’en est-il des grands rendez-vous médiatisés qui attirent les foules à Crans-Montana ? Ces visiteurs de passage pour le Giro ou l’Open font-ils marcher le tiroir-caisse ? Pas dans l’immédiat, selon nos interlocuteurs. Sur le moment, l’attention se focalise sur la manifestation. Peu de gens ont l’idée de faire du shopping, sauf si le temps se gâte. « Mais quelques mois plus tard, un nouveau client débarque pour m’acheter du matériel de golf en me disant qu’il a découvert Crans-Montana à la télé ! », témoigne Alex Barras, patron d’un magasin de sport à la rue du Prado. Le phénomène est connu. L’organisateur de l’étape du Giro à Crans-Montana, Steve Morabito, nous le disait dans une interview en avril dernier (cf. INFO N° 41) : « Un spectateur revient dans la région ayant accueilli une étape dans 30 % des cas. »

UNE OFFRE ATTRACTIVE

Tout ce qui contribue à la notoriété de Crans-Montana fait du bien à l’économie locale. À l’inverse, l’offre de shopping nourrit l’attractivité de la station. Elle gagnerait à être davantage connue, selon Stéphanie Viscolo, y compris au niveau régional. « Qui savait que nous étions ouverts le 15 août, alors que les commerces de plaine étaient fermés ? Les touristes séjournant dans d’autres stations valaisannes seraient également ravis de découvrir nos boutiques. » Le paradis du shopping des Alpes a encore beaucoup à offrir. Grâce à ses acteurs qui se battent pour le faire tourner.

Légende photo: Lors de grands événements, comme l'Open de golf, les visiteurs découvrent l'offre des boutiques et reviennent volontiers y faire du shopping à une autre occasion. ©Luciano Miglionico

  1. Toutes trois commerçantes indépendantes, Olga Lorenso, Manuela D’Almeida et Paola Rapillard représentent la diversité des boutiques de la station.

  2. Marielle Clivaz, commerçante et vice-présidente de Crans-Montana Arts & Métiers, se réjouit du succès du marché estival et de la braderie.

  3. Pour soutenir les acteurs économiques locaux, près de 16 000 personnes ont utilisé la Crans-Montana Prepaid ces trois dernières années.

CRANS-MONTANA PREPAID : UNE FIDÉLITÉ PAYANTE

En décembre 2020, une action pour inciter à « consommer local » voyait le jour, sous l’impulsion de l’association des Arts & Métiers : la Crans-Montana Prepaid, une carte de paiement valable auprès de 232 partenaires économiques des communes du Haut-Plateau. Dans un premier temps, ces dernières ont injecté 1 million de francs pour majorer tous les chargements de 20 %. En 2021, elles ont remis 500 000 francs pour un bonus de 10 %. Crans-Montana  Arts & Métiers a financé une nouvelle opération en été 2022, à hauteur de 50 000 francs. « Ces offres spéciales ont rencontré un succès immédiat. Nous espérons pouvoir les renouveler afin que la carte reste attractive », explique Marielle Clivaz. En trois ans, les 15 752 cartes activées ont accumulé des chargements d’argent pour un  montant total de 14 millions de francs, dont 13 ont déjà été dépensés. Depuis deux ans, un programme de fidélité permet aux utilisateurs de collecter des points, transformés en valeur et crédités sur la carte (100 points = 1 franc). Les paiements auprès des commerçants ont ainsi généré 174 000 francs.
Plus d’infos -> crans-montana.ch/prepaid



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