Un joyau du patrimoine local
L’église de Saint-Maurice de Laques subit d’importants travaux de restauration depuis plusieurs mois. L’intérieur du monument historique a été entièrement rafraîchi dans l’esprit de la fin du XIXe siècle. Le résultat sera dévoilé aux paroissiens à Noël.
Les amoureux de Saint-Maurice de Laques peuvent se réjouir. Après onze mois de travaux, ils retrouveront tout prochainement leur église dans un nouvel habit. Il y a deux ans, le curé avait signalé un problème d’éclairage insuffisant à l’intérieur de l’édifice. Contacté, le Service immobilier et patrimoine de l’État (SIP) en a profité pour poser un diagnostic plus large et préconisé une restauration complète, qu’il a ensuite supervisée. « La dernière rénovation remontait à quarante ans, cela méritait qu’on s’en inquiète », relève Armand Berclaz, le président du Conseil de gestion de la paroisse.
Le crépi de certaines parois était endommagé, la peinture craquelée, des voûtes tachées. L’installation électrique ne répondait plus aux normes de sécurité, le plancher était rongé par l’humidité et le mobilier d’époque avait besoin de soins.
Les travaux ont été devisés à 850 000 francs, dont les deux tiers seront pris en charge par la Commune de Crans-Montana, l’État du Valais et la Loterie Romande. Le solde fait actuellement l’objet d’une récolte de dons auprès de la population.
SUBTIL ET COHÉRENT
Saint-Maurice de Laques est un lieu chargé d’histoire, qui a joué un rôle important dans le paysage religieux régional, au moins dès le haut Moyen Âge. L’église actuelle est un témoin de l’architecture sacrée du XVIe siècle (clocher et chœur) et du XIXe siècle (nef). Si elle a perdu de son influence religieuse au fil du temps, sa valeur patrimoniale reste intacte. En effet, elle a été l’œuvre des plus grands architectes régionaux de leur temps : Ulrich Ruffiner pour la première partie en 1532, puis Joseph de Kalbermatten dans les années 1890 pour la reconstruction et l’agrandissement de la nef. De plus, son mobilier néogothique et ses vitraux créés par le maître verrier Alexandre Cingria en 1929 sont d’excellente facture.
« Il fallait faire un choix entre les différents styles présents dans l’église et trouver une unité de restauration entre le chœur et la nef, qui ne datent pas des mêmes époques. Il a été décidé de restituer la période de la fin du XIXe siècle », explique l’architecte responsable Jean-Marc Genoud. L’intervention la plus spectaculaire concerne les couleurs des murs. Les restaurateurs ont mené des recherches poussées pour décrypter les différentes couches de peinture et retrouver les teintes de l’époque.
LE RETOUR DES LUSTRES
La tâche a été aussi passionnante que complexe. Comme l’explique Olivier Guyot, directeur associé de l’atelier de restauration Saint-Dismas : « C’est un défi de retourner à un état antérieur sur la base de sondages et de dégager un ensemble cohérent. » Le blanc et l’abricot pâle qui recouvraient les murs ont donc été remplacés : ocre orangé et bleu égaient le plafond du chœur, tandis qu’un vert tilleul, un bleu cendré et un gris apportent nuances et contrastes aux volumes de la nef. « On gagne en luminosité. Le chœur devient un écrin destiné à recevoir le maître-autel, le tout est plus gai, plus vivant », commente Olivier Guyot.
Certains détails ont pu être retrouvés grâce à une photo de 1911. Sur l’image, de grands lustres éclairent la travée principale, un élément que les spécialistes ont décidé de redonner à Saint-Maurice de Laques. « Ce sera la cerise sur le gâteau ! Ils seront complétés par un éclairage modulable, qui permettra de jouer sur différentes ambiances », ajoute Jean-Marc Genoud.
Le mobilier, les autels, le chemin de croix et les statues ont également fait l’objet d’une remise en état en profondeur. Les restaurateurs ont nettoyé, colmaté et retouché toutes les pièces. Parmi eux, Murielle Roux de Quay a œuvré dans l’église pendant plusieurs semaines pour la préservation de ce riche patrimoine, avec quelques surprises et de belles rencontres. « Un jour, j’ai découvert un nid d’oiseau dans la flèche d’un autel. Le plus touchant, ce sont les gens qui passent et qui s’intéressent au sort de leur église. Ils y sont très attachés. Une dame m’a même dit que son mari âgé de 91 ans s’était promis de ne pas mourir avant la fin des travaux. »
Plus d'infos : noble-louable.ch
Légende photo: Fin de chantier à Saint-Maurice de Laques. La restauratrice Murielle Roux de Quay peint de nouveaux liserés de couleur verte, un détail repris de l’époque néogothique. ©Luciano Miglionico