La fresque aux 167 artistes
À Chermignon-d’en-Bas, pas moins de 167 élèves ont réalisé une œuvre unique. L’artiste lausannois CRBZ les a accompagnés dans sa création.
Au pied du centre scolaire des Martelles, le vent s’engouffre sous le pont. Les enfants n’y prêtent pas attention. Ils sont concentrés sur leur fresque. Avec des stylos Molotow ou des pinceaux, ils remplissent avec application les lettres des prénoms de chaque élève des Martelles. « Tu n’as pas froid ? », demande Nicolas Corbaz (CRBZ, de son nom d’artiste) à l’un d’entre eux. « Ah non ! » « T’es un vrai Viking, alors… »
Parmi la douzaine d’élèves présents, Noé assure bien « s’amuser » même si ce n’est pas évident pour un gaucher d’utiliser ces stylos. Lucas, lui, a trouvé « cool » de rapporter un tableau chez lui. Explications : « Cela fait deux semaines que je suis ici. J’ai adapté mon enseignement aux tranches d’âges. Les plus jeunes ont posé le bleu en couche de fond et ont fait un tableau à ramener à la maison. Les autres ont été initiés à la calligraphie, puis ont peint leurs noms ainsi que ceux des plus jeunes », détaille CRBZ.
Enfin arrive le passage à l’acte : la fresque qui se crée de façon collective sur le mur bétonné du tunnel. Un motif principal, élaboré par CRBZ, est entouré par les 167 noms des élèves impliqués dans l’aventure. « Chacun contribue à un petit bout du rendu final », continue CRBZ. Et personne ne ménage son enthousiasme. « J’hallucine du résultat, je n’ai jamais vu un retour pareil ! », confie Ardavan qui assiste CRBZ dans cette aventure. « Il faut qu’ils soient fiers. Je ne veux pas qu’ils se disent d’ici deux ou trois ans : “ C’est quoi ce truc de gamin ? ” C’est ça, le véritable enjeu ! » appuie Nicolas qui définit cette réalisation comme un « Calligraffiti ».
En dehors des horaires scolaires auxquels il a dû s’habituer, CRBZ prolonge sa journée jusqu’à parfois minuit pour finir sa propre œuvre, en face de celle élaborée avec les élèves. « Je crois que je n’avais pas mesuré l’ampleur du projet… », glisse-t-il
avec un sourire un peu fatigué.
Légende photo : « Ce tunnel, de prime abord anodin, est devenu en deux semaines une œuvre de Street Art dont les élèves se souviendront longtemps ! », dit CRBZ. ©Luciano Miglionico