Le souffle de la Grande musique
Crans-Montana Classics entame 2022 avec une affiche prestigieuse à la hauteur des défis que l’association se lance depuis quelques années. Son président et sa directrice exécutive évoquent sur la diversification de l’offre qui a permis de prolonger les saisons musicales.
«Nous allons avoir un démarrage assez intense, et osons le terme, flamboyant, se réjouit Gérard Bagnoud, président de Crans-Montana Classics. Le 1er janvier, aux côtés des Cameristi della Scala de Milan, nous aurons comme vedette le violoniste Renaud Capuçon. Le 2 janvier, ce sera le traditionnel concert destiné aux familles sous la direction de Laurent Zufferey avec un texte écrit par Christine Savoy. » Si le rendez-vous du 2 janvier est devenu un classique pour les amateurs du partage musical familial, celui du Premier de l’an captera l’oreille des mélomanes avec d’autant plus d’attention que la venue de Renaud Capuçon est inédite. Jamais le violoniste n’a fait vibrer son archet sur le Haut-Plateau !
« Cette initiative revient à la Fondation Francis et Marie-France Minkoff, mécènes de l’association, relève Véronique Lindemann. Nous sommes passés par son agent et par chance, il a pu se rendre disponible le 1er janvier. Il faut dire que la station de Crans-Montana peut donner l’envie d’y passer quelques jours », sourit la directrice exécutive de Crans-Montana Classics.
DE NOUVEAUX LIEUX
Ce que propose l'association en ce début de saison hivernale confirme la réussite de sa stratégie. En diversifiant son offre, elle a mis la Grande musique au goût du jour tout au long de l’année. « J’avais aussi à cœur d’amener un côté “expériences”. Comme vous le savez, le Haut-Plateau ne bénéficie pas d’une réelle salle de spectacles. Nous avons donc été dans de nouveaux endroits comme Aminona, ou des églises comme celles de Saint-Maurice de Laques, Montana-Village ou Corin. Nous avons proposé une matinale au temple, un lieu qui se prête bien à ces concerts. Cela permettait de redécouvrir nos milieux — qui sont déjà intéressants et parfois peu connus d’un point de vue historique et culturel. » Véronique Lindemann revendique un coup de cœur pour la chapelle Notre-Dame de Crêtaz d’Asse. « Les participants aux Master Classes y donnent chaque année un concert qui reste, pour eux comme pour leur public, inoubliable et chargé d’émotions. »
Et il y a encore eu ces grands instants où le classique s’est mis au vert sur un prestigieux gazon. « En 2020, nous avons réussi à concrétiser ce fameux concert sur le golf, reprend Gérard Bagnoud. Il était prévu de ne réaliser qu’une seule fois cette expérience, mais devant l’accueil du public nous en avons refait un cette année. Potentiellement, cet endroit peut accueillir jusqu’à 1200 personnes, c’est un site vraiment extraordinaire. »
« C’était une pure folie et un moment unique, rebondit Véronique Lindemann. La station a en main des cartes exceptionnelles grâce à des lieux à couper le souffle. Tant pour les artistes que pour les spectateurs, vivre un concert devant un tel panorama est un véritable cadeau. »
SUBLIMER LES CONTRAINTES
Comme chaque acteur culturel, Crans-Montana Classics a dû affronter des contraintes qui fermaient les salles. Face aux choix cornéliens, l’association a décidé de ne pas jeter l’éponge. « Puisque nous ne pouvions pas faire venir les artistes, nous sommes allés vers eux ! Nous avons réalisé des captations sur les lieux de vie des musiciens. Nous avons enregistré un concert à Tel-Aviv, un autre à Bruxelles. Celui de Noël et pour les enfants a été fait à la Fondation Opale de Lens. Nous l’avons diffusé sur les réseaux. Nous avons ainsi pu respecter les engagements vis-à-vis des artistes », explique Gérard Bagnoud.
« Autour des interprètes eux-mêmes, il y a toutes les personnes qui travaillent dans le domaine technique qui passaient aussi à la trappe. Pour nous, réaliser ces enregistrements était une façon de les soutenir », appuie Véronique Lindemann. « Nous avions à cœur de le faire dans un contexte très contraignant et limité. La plupart des mélomanes étaient ravis et nous ont félicités d’avoir tout fait pour maintenir un lien avec notre public qui a beaucoup apprécié cette démarche », observe Gérard Bagnoud.
Légende photo : Le 1er janvier 2022 à la salle de tennis du Régent, qui devient une salle de spectacle, le violoniste Renaud Capuçon sera accompagné par les Cameristi della Scala de Milan. Une façon d’entamer avec panache une saison hivernale qui se poursuivra encore sur plusieurs semaines. ©Simon Fowler