Le street art se joue sur les murs de tennis
Les questions ont commencé à fuser au Bistro d’Icogne : « Qui a tagué les murs du tennis ? », « Est-ce de la dépravation ? » Pierre Rogwiller, patron du café rassure : « C’est une œuvre qui fait partie du Vision Art Festival.»
Spécialisé dans le Street Art, ce festival s’approprie les grandes surfaces de béton de la région pour y apposer des créations originales. Icogne a proposé le mur de son tennis pour servir d’écrin à l’imaginaire des artistes. « Chaque année nous avons plusieurs propositions de lieux, explique Gregory Pages, directeur du VAF. Nous essayons alors de voir si nous pouvons faire correspondre cet endroit avec le style de l’un des artistes invités, car il est important que l’œuvre proposée soit en adéquation avec le lieu. »
One Truth, le collectif d’artiste à l’origine de cette fresque, est formé de deux frères zurichois d’origine tibétaine. Déjà connus et reconnus dans le monde germanophone du Street Art, ils ont été récemment invités dans un festival berlinois prestigieux. Le VAF leur a donné l’occasion de traverser la barrière de rösti et nous permet d’apprécier leur originalité.
Mais Icogne n’est pas Berlin, les murs n’y ont pas la même signification. Arrivés sur place, les deux artistes croisent trois jeunes Icognards. À la suite des échanges qu’ils ont avec eux, ils commencent à orienter leur œuvre. « Ils ont mis des chiens parce qu’ils trouvaient qu’il y avait beaucoup de chiens à Icogne, poursuit Gregory Pages. La composition se veut une sorte de genèse de la fabrication d’une création. Des parties sont en gris, c’est le premier jet, l’esquisse. Des nuages de noms représentent les idées, les voies vers lesquelles les dessins vont. Puis la couleur arrive et vient illuminer l’œuvre. »
Les deux frères ont adoré l’endroit. L’un deux a même prolongé son séjour et a passé une semaine sur place avec sa famille. Aux habitants de la région et aux visiteurs occasionnels qui veulent découvrir leur œuvre de plus près, il est possible de se rendre au Bistro d’Icogne et de demander la clé du tennis. Les détails valent la peine.
Légende photo : Le mur du tennis d’Icogne comme toile pour une œuvre d’art. Sur l’INFOsup, retrouvez quelques photos plus détaillées de la fresque. © Gratien Cordonier