Des vagues de possibilités

Ils cachent des batailles, multiplient les animations ludiques, attirent les foules. Véritables joyaux estivaux, les lacs du Haut-Plateau enrichissent avec éclat l’offre touristique de la destination.

La Suisse inconnue (guide édité vers 1960 par le Touring Club Suisse et la firme Shell) égrène sur quatre pages le patrimoine historique de la Noble et Louable Contrée. Il accorde peu d’importance aux séductions offertes par le golf et le ski. Par contre, il s’extasie face à la séduction du « plateau de Crans-Montana, paysage peu valaisan, en somme, suite d’étangs scandinaves hissés dans les Alpes ». L’ouvrage reste évasif sur le nombre de ces étendues aquatiques. Il ne cite pas l’Étang Long, ni Grenon ou l’Étang Blanc, voire l’étang des Briesses pas plus que les lacs d’Icogne, de Chermignon, d’Ycoor, de la Moubra, des Miriouges ou du Louché.

En se retirant vers 13500 avant J.-C., le glacier du Rhône a laissé derrière lui le paysage que nous connaissons avec des lacs naturels. Sur le Haut-Plateau, un seul peut revendiquer cette appellation. « C’est le lac d’Ycoor. Les autres ont été endigués pour l’irrigation. Au départ, ces surfaces avaient des vocations pratiques et pas vraiment touristiques », précise Yves-Roger Rey, secrétaire général de l’Association des communes de Crans-Montana (ACCM).

DE TOUS LES CANTONS

Sous leurs surfaces planes et paisibles, les lacs, tous les dix ans, deviennent le théâtre de mise aux enchères. L’État, propriétaire de l’eau, fixe une mise de départ, généralement l’ancien prix. Le plus généreux décroche la mise. Ce qui implique ensuite la responsabilité d’empoissonner le lac, notamment, et la possibilité d’encaisser le montant des permis de pêche. Quel que soit cet éphémère propriétaire, l’ACCM hérite d’une charge précise : l’entretien des lieux. « Nous fauchons les algues qui y poussent. Nous le faisons pour améliorer le confort des habitués du lac (pédalos, paddle, nageurs, wakebord, etc.). Nous possédons trois bateaux équipés, des faucardeuses », explique Yves-Roger Rey. Depuis 1993 déjà, une promenade des lacs est suggérée aux randonneurs sur plus d’une dizaine de kilomètres. Elle permet aussi d’apprécier certaines zones protégées.

Quand il n’y a pas de faucardeuses, on mobilise des carpes. « Elles mangent les algues et réalisent le même travail que ces machines », assure Alexandre Rey, président de la Société de pêche de Lens. Avec son comité, il veille au destin du lac des Miriouges. Le pouvoir d’attraction des berges a explosé au printemps passé, lors de la première vague de Covid-19. « Il y avait des gens qui arrivaient de tous les cantons romands. Les alentours étaient surpeuplés, la police a dû en interdire l’accès ! » témoignent Alexandre et Christian Morin, autre membre actif de la société. Avec le caissier et le secrétaire, ils ne ménagent pas leur peine pour que Miriouges se pare de ses plus beaux attraits poissonniers. « En période estivale, deux fois par semaine, il faut remettre 10 à 20 kilos de truites arc-en-ciel ou fario voire des saumons de fontaine »,  détaille Alexandre.

Deux sociétés de pisciculture (une vaudoise et une autre de Salquenen) fournissent les spécimens. L’année 2020 n’a pas manqué d’adeptes. « Nous avons dû vendre dans les 500 permis journaliers », estime Alexandre. Les contrôles sur place n’ont pas posé de problèmes. « En tout cas, je ne me suis jamais retrouvé à l’eau », s’amuse Christian. « Le prix des permis compense celui des poissons. S’il y a un petit bénéfice, il est réinvesti dans des sorties organisées. Ce qui importe surtout chez nous, c’est presque plus la convivialité que la pêche ! » garantissent Alexandre et Christian.

BERGES ACTIVES

Cet esprit rassembleur imprègne les initiatives qui gravitent autour des lacs de Crans-Montana. Les cinq principaux « points d’eau » au cœur de Crans-Montana constituent une randonnée thématique d’une dizaine de kilomètres, en bike ou à pied. Dans son récent ouvrage En balade au fil des lacs de montagne du Valais, Jean-Louis Pitteloud évalue cette distance à 13 kilomètres, la durée de l’exploration à 3 h 40, le dénivelé à « +410 / -410 » et la difficulté « moyenne ». Hors excursions, l’offre tient presque du pléthorique. Paddle, wakepark, installations sportives, yoga : tout cela promet de riches heures de délassement.

Légende photo : Depuis 1993 déjà, une promenade des lacs est suggérée aux randonneurs sur plus d’une dizaine de kilomètres. Elle permet aussi d’apprécier certaines zones protégées.. ©Luciano Miglionico

Ils constituent une véritable richesse naturelle pour la destination. Les lacs de Crans-Montana charment autant les contemplatifs que les actifs.