« Notre emploi du temps se fait au jour le jour »
Les cafetiers-restaurateurs de Crans-Montana subissent de plein fouet les conséquences économiques liées à la pandémie de Covid-19. Commencée de façon lumineuse, leur saison d’hiver s’est arrêtée brutalement à mi-mars. Le président de leur association et patron d’un établissement, Philippe Nicolle, s’efforce de gérer les multiples incertitudes qui découlent de cette situation inédite.
« Là, je jongle entre les téléphones, les e-mails, les communiqués des organisations faîtières et la pile de documents administratifs. » Au lendemain de la proclamation de l’état de nécessité en Suisse en raison du coronavirus, Philippe Nicolle évoque les dernières 72 heures de folie qu’il vient de traverser. « Comme patron d’un bar de nuit, j’ai fermé le vendredi déjà. Pour moi, les directives du Canton étaient claires », estime le président de l’association des cafetiers-restaurateurs de Crans-Montana qui se montre plus réservé sur la compréhension de ces mêmes directives par l’ensemble des établissements de la station, nombreux à être ouverts et très fréquentés jusqu’au 16 mars.
« La communication faite le vendredi 13 par l’État du Valais demeurait floue pour plusieurs de mes collègues. Il a fallu attendre le lundi pour que des précisions soient données sur ce qui était autorisé et ne l’était plus ! Cela a compliqué la situation déjà difficile à gérer. » La fermeture des cafés-restaurants a plongé les professionnels de la branche dans une incertitude totale. Face à la complexité des démarches à entreprendre, ils se retrouvent souvent démunis. Philippe Nicolle rappelle que le chômage technique est ainsi inhabituel dans son secteur d’activité qui travaille surtout avec des saisonniers et des contrats à durée déterminée. « Même si à mi-mars * il était encore trop tôt pour connaître le détail des aides exceptionnelles envisagées par le Conseil fédéral, j’ai invité mes collègues à remplir les formulaires le plus vite possible, d’autant plus qu’ils ne sont pas simples à comprendre. En plus de correspondre aux critères définis par la Confédération, il faudra être en mesure de supporter les délais d’attente permettant de toucher les salaires et les indemnités. Ceux qui ne possèdent pas de trésorerie suffisante seront mal », souligne-t-il sans détour.
SAISON D’ÉTÉ CHAHUTÉE
Quant à se projeter après ce contexte inédit de crise, c’est juste impossible dans l’immédiat. « Notre prochain problème, c’est la saison d’été qui se profile ! » Elle s’annonce en effet compliquée y compris pour cet entrepreneur né. À la tête du Monk’is depuis une quinzaine d’années, il bénéficie d’un mandat administratif pour deux hôtels-restaurants en plaine et cogère le Beach Club sensé ouvrir le 20 mai à l’Étang Long. « Le 20 mai, c’est demain ! Que fait-on ? On signe des contrats ou pas ? » Dans la tourmente actuelle, comme beaucoup, Philippe Nicolle tente de relativiser en mentionnant que « l’herbe n’est pas plus verte ailleurs ». Et ce Français d’origine arrivé en Suisse en 1990 de conclure en guise de boutade : « Je reste un immigré heureux... de devoir affronter ce malheur ici. »
* Quelques jours après cet entretien, le Conseil fédéral détaillait les premières mesures évolutives mises en place pour atténuer l’impact économique de la pandémie de Covid-19.
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