Crans-Montana, une terre d’inspiration
Aujourd’hui comme hier, la destination fascine des peintres, des musiciens et des auteurs. Ils y puisent énergie et inspiration. Rencontre avec Chris Thorimbert et Sylvie Doriot Galofaro, installées dans la région depuis des années, et dont chacune vient de publier un nouvel ouvrage.
En contrebas d’une ruelle discrète de Mollens, une maison dans un écrin de verdure. Au rez-de-chaussée, Chris Thorimbert nous accueille dans un appartement cosy et lumineux. Par la grande fenêtre du séjour s’offrent le val d’Anniviers et le Haut-Valais. « Cette vue sur les montagnes m’inspire beaucoup. Elle me permet de me vider la tête et me procure le calme et la sérénité dont j’ai besoin pour écrire. L’imagination vient ensuite toute seule », explique-t-elle. Voyageuse, Chris Thorimbert pourrait vivre n’importe où pourvu que la nature l’anime.
Une nature qui inspire aussi Sylvie Doriot, dont le cœur bat pour Crans-Montana depuis plus de cinquante ans. « En hiver par exemple, lorsque je monte en peau de phoque à Bella Lui, les phrases me viennent… Quand j’écris, j’ai besoin de calme et d’une vue dégagée. Et là, je suis servie », raconte-t-elle depuis son appartement de la résidence… Bella Vista.
Les ouvrages de Chris Thorimbert et Sylvie Doriot sont parmi les premiers que Stéphanie Bonvin sélectionne pour évoquer la région comme lieu d’inspiration et/ou de résidence. La responsable de la Bibliothèque intercommunale de Crans-Montana constate un intérêt de plus en plus marqué pour la littérature romande et locale, autrefois plus « confidentielle ». « Katherine Mansfield, Monica Sabolo, Daniel Cordonier, Alain Bagnoud, Daniel Zufferey, et bien d’autres auteurs encore ont (eu), chacun à leur manière, Crans-Montana et sa région chevillés au cœur », explique-t-elle.
Pour Chris Thorimbert cela fait quarante ans : « Je suis venue parce que ma fille faisait des otites à répétition à Lausanne et que son pédiatre nous avait recommandé de vivre dans un endroit sec », raconte-t-elle. Cette native d’Estavayer-le-Lac, qui écrit depuis l’adolescence, mais publiera sur le tard, vient d’achever Charlotte Barrette, Traboules et Bouchons, paru aux éditions Jets d’encre.
UN CARACTÈRE BIEN TREMPÉ
Pas de trace de Crans-Montana dans ce roman, ni dans les autres d’ailleurs. La région et ses habitants jouent pourtant un rôle moteur dans son écriture : son héroïne, Charlotte Barrette, « dont les traits s’inspirent d’une amie actrice », a aussi du valaisan en elle avec « son côté têtu, son caractère bien trempé et son empathie ». Et pour créer ses autres personnages, l’auteure puise dans ses amis et connaissances, « qui en redemandent ». Son prochain livre ? « J’y travaille… l’intrigue se déroulera dans la région de Sierre », dévoile-t-elle, après une pointe d’hésitation.
Pour Sylvie Doriot, Crans-Montana est une inspiration en soi. Elle a cinq ans lorsqu’elle arrive du Jura bernois en vacances dans la station avec sa mère et sa soeur. « Je venais de perdre mon papa dans un accident de voiture et ce lieu nous a ressourcées. » Elles y resteront.
DES EXPÉRIENCES D’ENFANT
Ethnologue, historienne et historienne de l’art, Sylvie Doriot enseigne durant 30 ans au CO de Crans-Montana et publie plusieurs ouvrages sur l’histoire et le patrimoine de Crans-Montana. Dans Jean-Marie Ellenberger, un architecte moderne, de l’aéroport de Genève à Super-Crans, elle mentionne la fameuse tour de Super-Crans : « J’aime cette tour depuis petite, lorsque j’y allais à la piscine. »
De ses expériences d’enfant, Sylvie Doriot a tiré des fils qu’elle tisse et étire sans relâche dans sa vie d’adulte. « Ma grand-mère me racontait ses visites à son frère malade de la tuberculose à la clinique militaire de Montana-Village en 1932. D’où sans doute ma fascination pour les hôtels et les sanatoriums sur lesquels j’ai écrit, et que j’évoque aussi lors de visites guidées. Ma vie est faite de boucles », constate-t-elle.
Et de voyages, via notamment son dernier livre Du diamant au tabac, une première industrialisation suisse au Brésil (1736-1964), publié aux éditions Slatkine. Son prochain challenge ? « Peut-être un roman historique », lâche-t-elle, les yeux brillants.
Légende photo : À l’image du lac des miriouges, la région de crans-montana offre un écrin naturel propice à nourrir l’imaginaire des auteurs installés dans la région. © Luciano Miglionico