Pour que brille l’esprit des fêtes
La pénurie recentre les priorités. Comme partout en Suisse, le Haut-Plateau doit faire preuve de sobriété énergétique. En période de Noël, comment concilier un esprit festif avec des économies nécessaires ? Les partenaires de la destination ont mis en place des solutions pour que malgré les restrictions, le charme opère.
Voici venir le temps des râles face aux factures d’électricité. Histoire de ne pas subir, les autorités de Crans-Montana ont retroussé leurs manches. « Une task force s’est formée au niveau valaisan afin d’harmoniser certaines mesures », rappelle William Ruppen délégué à l’énergie de l’Association des communes de Crans-Montana. Bref, pas de tergiversations, les kWh se mettent à la diète. Tout pour éviter le spectre des mesures d’Ostral (approvisionnement en électricité en cas de crise) qui imposerait des coupures sur quatre heures ! Il s’agirait de décisions drastiques, extrêmes, dont la probabilité s’avère très ténue pour l’hiver 2022-2023.
« Il y a eu au début de l’automne une forte inquiétude que nous pouvons à présent relativiser, tempère Bruno Huggler, directeur de Crans-Montana Tourisme & Congrès. Par les messages, médiatisés, de diverses commissions mandatées par le Conseil fédéral, nous estimons que la part de risques de pénurie a bien diminué. D’autant que les communes ont pris les devants. » Dans cette anticipation, il y avait une donnée de taille : la période des fêtes. « La question s’est évidemment tout de suite imposée : comment faire pour Noël ? », rapporte William Ruppen. La réponse n’a pas traîné. « Nous avons décidé d’utiliser 50 % de décoration en moins. Il s’agissait d’être cohérent. L’ACCM ne peut pas demander à ses citoyens des efforts et mettre des guirlandes partout. » Au final, les divers éléments décoratifs brilleront surtout du 20 décembre au 8 janvier avec une extinction de leurs feux dès 23 heures.
IMPORTANCE DES LED
Il s’agissait également de bien cibler les lieux. « Nous n’avons rien posé aux entrées des villages. C’est la première image qui est donnée, elle est importante », souligne William Ruppen. Cette sobriété n’a pourtant pas des relents d’austérité. « Nous étions attentifs au charme d’une station touristique. Par exemple, nous avons pu garder le Bibi en 3D car il a une consommation qui ne dépasse pas celle d’un aspirateur ! »
Le Chemin des lanternes peut être comparé, lui, à un lave-vaisselle ! Une heure de lumière, c’est un banal cycle de nettoyage côté électricité. « Nous sommes vraiment très contents, dès le départ et bien avant la crise, d’avoir imaginé ce concept avec des LED, se félicite Sébastien Schornoz, président du comité d’organisation du Festival Étoile Bella Lui. Nous étions déjà conscients de la valeur, dans tous les sens du terme, de l’énergie. Nous poserons par ailleurs des panneaux. Ils expliqueront, par exemple, pourquoi nous avons renoncé à la grande roue, qui était très énergivore. »
« Il était important de conserver ce Chemin des lanternes, qui brillera entre 17 et 22 heures, car il est fort apprécié autant des locaux que par nos hôtes », rebondit Bruno Huggler. Il en va de même avec les projections sur le lac, elles aussi frugales en termes de consommation. Histoire de tenir la consigne jusqu'au bout, ces réjouissances connaissent également un horaire encadré.
À VOS LAMPES DE POCHE
L’élément le plus complexe dans ces économies festives ? L’éclairage public… « Dans certaines zones, de nouveaux candélabres adaptent leur luminosité en fonction des passages. Mais, avec l’ancienne génération, c’est soit tout, soit rien. En ce qui concerne la route cantonale, cela n’est pas du ressort des communes », explique William Ruppen. Le couperet des 23 heures sera à nouveau appliqué. Il est suggéré aux randonneurs de se munir d’une lampe de poche…
Le délégué à l’énergie de l’ACCM loue lui aussi l’anticipation des autorités. « Il est clair que la pénurie recentre certaines priorités. Mais la Commune de Crans-Montana, comme celles de Lens et d’Icogne, n’a pas attendu cette crise pour réfléchir autrement. » Et notre interlocuteur de rappeler la pose de panneaux photovoltaïques depuis des années. « Bien des mauvaises habitudes vont disparaître. La preuve, je suis bien plus sollicité qu’avant pour des conseils à donner aux citoyens autant qu’aux communes. » En définitive, malgré les incertitudes qui subsistent, les acteurs de la destination restent confiants à l’image du directeur de CMTC. « Nous allons à nouveau adopter certains gestes simples qui permettent de renouer avec des réflexes qui s’étaient perdus. Pour le reste, je ne pense pas que la saison qui s’annonce sera compliquée », estime Bruno Huggler.
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Avant les vacances de Noël, les décorations ne brilleront que les week-ends. Les autorités en ont fait poser la moitié moins qu’en période ordinaire avec une concentration sur les centres.
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Les trois pièces du Bibi 3D ont été assemblées pour trôner au-dessus de la patinoire. Tout aussi impressionnante soit-elle, cette pièce ne consomme pas plus d’électricité … qu’un aspirateur.
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Le Chemin des lanternes a été d’emblée conçu pour avoir le moins d’impact sur l’environnement, notamment au niveau de sa consommation d’énergie minimisée grâce à l’apport des LED.
Légende photo : Dans la station, les éclairages patrimoniaux seront éteints. Et, entre 23 heures et 5 h 30 du matin, il en sera de même des éclairages publics. Les particuliers ont reçu des courriers les incitant à éteindre leurs vitrines. © Luciano Miglionico