Jusqu’au bout de la nuit

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Jusqu’au bout de la nuit

Dès la mi-décembre, le monde des nuits festives accueille un nouvel acteur : la Ferme Saint-Amour. Une arrivée que d’autres professionnels de l’animation nocturne, à Crans-Montana, voient d’un très bon oeil. L’occasion aussi pour la destination de repositionner son offre destinée aux adeptes des soirées prolongées.

À Crans-Montana, le début de la saison d’hiver coïncide avec l’arrivée de la Ferme Saint-Amour, établissement festif appartenant au Groupe Annie Famose. Derrière ce nom, une ancienne championne du monde de slalom et double médaillée olympique qui préside le Groupe dont elle a confié la direction à ses deux enfants, Sarah et David. Se définissant comme « la reine de l’art de vivre à la montagne », la Ferme Saint-Amour est un concept qui allie déco soignée, ambiance avant-gardiste et fine cuisine signée Éric Frechon, chef français trois étoiles.

Possédant déjà deux enseignes à Megève et Courchevel, ses responsables tablent désormais sur la Suisse avec l’ouverture d’un premier restaurant, le 12 décembre, à Crans-Montana et d’un second, le 19 décembre, à Gstaad. « C’est un challenge de taille que le Groupe s’apprête à relever », estime le chroniqueur culinaire Edouard Amoiel, sur son site internet.

UN ANCRAGE LOCAL

Jean-Daniel Clivaz, président de Crans-Montana Tourisme & Congrès et patron de l’Amadeus, et Philippe Nicolle du Monk’is sont allés tester le concept Saint-Amour sur Megève. « C’est une expérience festive assez géniale ! Il y a d’abord une cuisine de qualité, puis arrive le DJ », dit le premier. « J’ai été impressionné par leur protocole de “ warm up ”, comment ils chauffent leur clientèle pour les amener à un état final », témoigne le second. Chacun voit dans cette arrivée un signe fort de l’attractivité exercée par le Haut-Plateau sur de grands groupes internationaux.

Cette reconnaissance peut aussi être perçue comme un aiguillon de progression sans adopter pour autant un profil bas. « Depuis trente ans que nous travaillons dans le métier, nous ne sommes pas non plus trop mauvais dans le genre, s’exclame en souriant Philippe Nicolle. Nous savons mettre de l’ambiance et nous n’avons pas à rougir de ce qui existe déjà. » Dans les cartes d’un jeu festif – qui mélange restauration, bar ou musique – les acteurs locaux possèdent un atout majeur. La connaissance du terrain et de la clientèle permet des réactions adaptées. « Il est clair et net que nous sommes à présent une station urbaine avec tous les bons côtés que cela peut comporter. C’est une des clés de notre succès », continue Philippe Nicolle qui, dans sa jeunesse, a bien pu observer ce qui se passait à Paris ou à Ibiza.

DES HORAIRES ADAPTABLES

Les horaires s’adaptent ainsi aux besoins. L’après-ski devient plus rapidement dynamique. Car les tendances sont tout aussi en mouvement que des danseurs sur une piste. « Il y a eu une transformation des habitudes », observe Jean-Daniel Clivaz en regrettant toutefois la disparition des boîtes de nuit qui « font partie de l’écosystème touristique d’une station ». Et de citer une longue liste de disparues – une bonne douzaine – sur trois décennies. « Dans n’importe quelle station en France, il y a obligatoirement une boîte de nuit, cela fait partie de l’appellation sport d’hiver. Chez nous, cela doit changer, il faut vraiment se pencher sur cette question ! Il faudrait recréer ce qui peut l’être. »

UNE DéCISION CANTONALE

Parmi les facteurs contraignants : le voisinage et les plaintes qui se soldent par des fermetures administratives (lire encadré). Jean-Daniel Clivaz en a connu une en 2006. Il a dû revoir toute sa stratégie autour du bar sans jamais retrouver la fréquentation initiale.

Philippe Nicolle, malgré le traitement d’une plainte qui s’éternise depuis cinq ans, souligne la juste collaboration avec les autorités. « Il y a toujours eu une volonté de nous soutenir. Il y a un cadre qui est posé et le droit public ne peut pas se substituer au droit privé. Il faut régler les procédures pour nous-mêmes. En revanche, ce qui pourrait faire avancer les choses, ce serait la permission d’ouvrir jusqu’à 3 heures du matin. Mais cela relève du Canton et cela ne passera jamais ! » Située au cœur de la station, en pleine rue du Prado, la Ferme Saint-Amour devra intégrer ces données au concept qui a fait son succès.

  1. Philippe Nicolle, du Monk’is, entretient depuis trente ans le rythme de la nuit à Crans-Montana. « Il a fallu se battre contre l’étiquette d’une station chère ! »

  2. En dehors des saisons touristiques, le défi sur le Haut-Plateau est de se montrer toujours attractif envers sa clientèle. Le Moon Bar, ouvert toute l’année, sait marquer Halloween !

  3. À l’Amadeus, d’importants travaux de rénovation ont été réalisés avant la saison d’hiver afin de mieux répondre aux attentes de la clientèle.

Légende photo : Un Nouvel An à Crans-Montana qui démontre que la station sait servir les festivités sur un très haut plateau. Une ambiance que les acteurs du monde de la nuit doivent entretenir durant toutes les saisons… à leur échelle. © Luciano Miglionico

HISTOIRES DE NUIT ET DE BRUIT

Le règlement intercommunal de police des communes de Crans-Montana régit les questions liées au bruit. Sur ses 70 articles, au moins cinq cadrent les décibels et cherchent à ménager les oreilles du voisinage avec des horaires adaptés. Les riverains sensibles aux nuisances sonores peuvent se référer à l’Ordonnance fédérale sur la protection contre le bruit. Cet arsenal juridique a été des plus sollicités. En 1998, à Crans-Montana, le projet de Casino dans un immeuble a ainsi capoté, car on redoutait le bruit des machines à sous. En mars 1997, ce sont des cris d’enfants dans un bac à sable qui dérangeaient des hôtes de la station. Ceux-ci sont montés jusqu’au Tribunal fédéral pour être déboutés. Voici une quinzaine d’années, le comportement des fêtards au sortir des discothèques a eu des conséquences directes sur le quotidien de la station. Cela a notamment entraîné l’installation d’une soixantaine de caméras de surveillance pour réduire le tapage nocturne.



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