L’Edo, c’est le succès d’une équipe
Lui est chinois, elle, japonaise. Phillip Zhan et Kaori Arai tiennent les trois restaurants de Bluche dont L’Edo, fleuron de la cuisine nipponne. Ces anciens élèves de l’École des Roches louent la qualité des relations humaines et le cosmopolitisme d’un village où se côtoient 90 nationalités.
Trajectoire originale pour ce couple originaire de Pékin et Tokyo qui décide de construire leur maison à Bluche. « La grande ville c’est l’anonymat. Ici, nous avons tissé rapidement des liens. Sans amis, ce n’est pas une vie… », expliquent-ils. Et Bluche est unique pour la diversité de ses résidents qui pratiquent une multitude de langues. « C’est certainement la plus petite localité du monde qui accueille le plus grand nombre de nationalités différentes. On devrait figurer dans le “ Guinness Book ! ” »
Il y a quinze ans, Phillip Zhan et Kaori Arai ouvraient le premier restaurant japonais du Valais romand. « Ce fut un choc culturel et gastronomique pour la région. Nous proposons une cuisine traditionnelle, rigoureuse et inventive. La table japonaise est variée et n’offre pas que des sushis, pas plus que les mets suisses ne sont que fromage ! » Le restaurant fut un projet naturel pour ces diplômés de l’École des Roches. Sans compter que Kaori est issue d’une ancestrale lignée de restaurateurs d’Edo qui est l’ancien nom de Tokyo et le berceau d’une des plus riches époques (XVI e siècle) de l’histoire du Japon.
« On perpétue une tradition familiale. »
Le restaurant a rapidement séduit par la qualité et l’authenticité de ses mets. La quasi-totalité des produits vient du Japon, de même que, bien évidemment, les cuisiniers qui vous invitent à un voyage au pays du Soleil-Levant.
TESTER LES IDÉES
Animé d’un remarquable esprit d’entreprise, Phillip Zhan a ouvert un 2e restaurant, le Bistro 14 Cors, qui propose de la cuisine italienne. Et, au début de cette année, la propriétaire du Petit Paradis lui a confié la gestion de l’établissement. Ce restaurant-auberge est le point de rencontre des villageois, avec sa carte de spécialités valaisannes et offre également 13 chambres. « Lorsque j’ai été sollicité pour cette reprise, j’ai d’abord consulté mon personnel pour obtenir leur accord », souligne celui qui refuse le qualificatif de « patron ». « Je ne suis qu’un élément d’une équipe qui marche avec moi. » Notons que les trois enseignes qui ont dû fermer en raison de la pandémie sont à nouveau ouvertes à la clientèle.
Aujourd’hui, le couple sino-japonais, qui a un fils de 12 ans, peut être fier de son parcours et de son apport à l’économie régionale. Leurs trois établissements - et quatre cuisines, avec le service de plats chinois à l’emporter - occupent une trentaine de collaborateurs. Les débuts furent pourtant difficiles, déjà en raison de la langue. Mais Phillip Zhan affiche un tempérament de battant. Il a su aller de l’avant. « J’aime bien lancer des idées, mais surtout les tester et les concrétiser. Parfois, je me mets en compétition avec moi-même. La pire des choses c’est le regret de ne pas avoir essayé. »
Légende photo : "La table japonaise est variée et n’offre pas que des sushis, pas plus que les mets suisses ne sont que fromage !" © Jean-Michel Bonvin