Bénévoles dans la course

Les meilleurs skieurs du monde s’affrontent sur la piste Nationale à Crans-Montana les 22 et 23 février. Un rendezvous qui doit en partie sa réussite à une armée de bénévoles, dont beaucoup répondent présents depuis des années. Une expérience qui débouche parfois sur un engagement rémunéré. Rencontre avec deux fidèles.

Pour la Coupe du monde de ski alpin Hommes, quelque 300 bénévoles sont sur le pont. Pour les championnats du monde de 2027, ils ne seront pas moins de 1500. Une véritable fourmilière au service des diverses courses de ski internationales à Crans-Montana. Edgar Gillioz et Laurine Deprez cumulent à eux deux 25 ans de bénévolat en continu. Deux générations, deux époques, mais un seul souhait : offrir leur aide à la communauté locale.

Pour Edgar Gillioz, 72 ans, tout a débuté en juin 2011, lorsqu’il a pris sa retraite anticipée de codirecteur d’une banque de la station. « À midi, je remettais les clés de mon bureau et à 14 heures, j’avais rendez-vous avec Marius Robyr, alors président du comité d’organisation des Coupes du monde. Il me proposait d’être le nouveau responsable des accréditations. »

Quatre ans plus tard, le bénévole gagne du galon, entre au comité directeur et devient responsable de l’engagement de l’armée et de la protection civile.

LE MÊME LANGAGE

Un job taillé sur mesure pour ce lieutenant-colonel, et qu’il assumera chaque année jusqu’aux courses 2024. « Je devais organiser et coordonner la venue et les tâches de plus de 200 soldats affectés essentiellement à la préparation des pistes, et d’une soixantaine d’hommes de la protection civile », résume-t-il, un brin nostalgique. « Les militaires devaient être de très bons skieurs, capables d’évoluer parfois sur de la glace, sans bâtons et avec une charge sur le dos. »

Briefings, débriefings, coordination, planification, administration… Edgar Gillioz et sa petite équipe ne chôment pas de l’aube au crépuscule. « Je me souviens de la fois où il a fallu convoquer les soldats à 3 heures du matin pour déblayer la neige tombée abondamment durant la nuit. » Le lieutenant-colonel Gillioz est proche du brigadier Marius Robyr qu’il a côtoyé sous les drapeaux et avec qui il « parle le même langage, partage le même sens de l’organisation, de l’ordre et des responsabilités ». Et le sang-froid, aussi : « Je me rappelle de l’avalanche mortelle à la Plaine Morte en 2019 lorsque nous avons décidé d’envoyer les militaires pour aider les sauveteurs à sonder la neige. Un renfort qui a été très apprécié. »

HAUTE COMME TROIS POMMES

Né à Saint-Léonard, mais établi depuis l’âge de 2 ans à Crans-Montana, Edgar Gillioz s’est toujours  impliqué dans la vie de la station. Laurine Deprez aussi. La jeune femme de 25 ans n’était pas plus haute que trois pommes lorsqu’elle tentait de se rendre utile derrière le stand du ski-club où s’affairaient ses parents lors des divers événements sportifs (lire aussi notre article en p. 17). Mais c’est en 2012 que la native de Randogne rejoint véritablement le rang des bénévoles : « C’était comme une évidence », raconte cette ancienne athlète de l’association sportive Ski Valais, pour qui la glisse et le cirque blanc sont une vraie passion.

Au début, elle travaille notamment au ravitaillement et au lissage des pistes. En 2016, elle intègre le bureau des courses dirigé par Sophie Genoud, puis le bureau d’organisation générale. Des centres névralgiques où elle se partage entre de multiples tâches comme l’accueil, l’information, la préparation de nombreuses séances et cérémonies. Chaque année, l’organisation lui confie de nouvelles fonctions. En 2020, Laurine Deprez devient responsable des bénévoles. De leur inscription à leur affectation sur le terrain, elle les informe, répond aux multiples e-mails, gère la coordination, les horaires, les contretemps, ou encore remet les tenues et les accréditations. Un travail très prenant.

En février 2024, Marius Robyr cède son siège de président du comité d’organisation à l’ex-champion de ski Didier Défago. Pour Edgar Gillioz « ce changement a été l’occasion de laisser la place aux jeunes. J’ai donc travaillé avec mon remplaçant, le premier-lieutenant Patrick Aymon, pour lui transmettre tout ce que je savais ». Quant à Laurine Deprez, elle a été engagée en 2023 au poste d’assistante de direction à la gestion opérationnelle des Coupes du monde et des Mondiaux. Un mandat de trois ans pour cette détentrice d’un bachelor en droit. « Je suis l’ombre du CEO Didier Défago », résume-t-elle, dans un sourire. Enthousiaste et déterminée, elle a néanmoins continué à assumer son job de bénévole jusqu’aux courses 2024. Bénévolat quand tu nous tiens…

Légende photo : De très nombreux professionnels aidés par plusieurs centaines de bénévoles gravitent autour de la Coupe du monde de ski alpin. Les travailleurs s’occupent notamment de l’installation des filets de sécurité le long de la piste Nationale, qui part depuis Bella Lui. © Luciano Miglionico

bénévoles et professionnels à l'ouvrage

Pour permettre aux champions de ski de rivaliser de vitesse sur la Nationale, un important travail de préparation se déroule en coulisse et sur la piste. Notre photographe, Luciano Miglionico, a suivi les préparatifs jusqu'à tester lui-même la descente relookée (voir sa vidéo). Sensations garanties, même à vitesse "lambda".

La nationale comme si vous y étiez

Lors des Championnats du monde de ski alpin à Crans-Montana en 1987, les meilleurs skieurs effectuaient la descente de la Nationale en 2 minutes et quelques flocons. En 2025, un excellent skieur, à l'image de notre photographe Luciano Miglionico, ajoute quelques minutes au chrono de Bella Lui au stade d'arrivée, mais avec un plaisir aussi intense. La preuve en vidéo.