Une céramiste haute en couleurs

Une céramiste haute en couleurs

Une personne, une histoire

Une céramiste haute en couleurs

Béatrice Kamerzin vit et partage sa passion pour la terre depuis plus de trente ans, notamment avec des personnes atteintes de sclérose en plaques. Sa créativité l’incite à explorer de multiples formes et techniques.

Sa rencontre avec la terre s’apparente à un coup de foudre. Clair, net, inattendu. Béatrice Kamerzin souffrait alors d’une fibromyalgie. Les douleurs et la fatigue étaient insupportables. « Lorsque j’ai compris qu’il s’agissait d’une maladie autoimmune, j’ai décidé de travailler sur moi. » Sur les conseils de sa psychothérapeute, elle cherche une activité ressourçante et se retrouve dans un cours de modelage. « Quand j’ai commencé à toucher l’argile, j’ai ressenti une joie intense, je me suis immédiatement retrouvée, cela a été une vraie révélation ! » C’est le début de sa guérison et de sa passion pour la céramique.

CONFIANCE ET LÂCHER-PRISE

Béatrice Kamerzin se lance, guidée par sa créativité et son instinct. Tenace, l’autodidacte multiplie les essais et apprend de ses erreurs. Maîtrise du tour, techniques de cuisson, émaux, engobes… Chaque découverte enrichit son rapport à la terre et à la vie. Par exemple, la poterie au tour ne demande aucune force extérieure, mais un grand équilibre intérieur. « Il m’a fallu six mois pour le comprendre », se souvientelle en riant. La technique de cuisson japonaise « raku » est une source inépuisable de surprise et d’inspiration. « On ne peut pas gérer le résultat final, il faut se faire confiance et lâcher prise. »

Dès ses débuts, la céramiste a été sollicitée pour donner des cours, d’abord au centre de loisirs RLC de Sion, puis dans des homes et plus récemment, auprès de personnes souffrant de sclérose en plaques. Son approche libre et sans jugement offre un espace d’expression bienvenu à celles et ceux qui ont subi des pertes cognitives ou sensorielles. « Je ne force rien, la créativité de chacun émerge à travers la terre et j’accompagne ce qui se passe. » Elle agit de même avec ses propres oeuvres, qui ne se laissent enfermer dans aucun style prédéfini.

Animaux, personnages et récipients naissent des élans de l’instant, à travers une multitude de formes, de couleurs et de techniques. Béatrice Kamerzin est régulièrement invitée à présenter ses céramiques. Il y a une dizaine d’années, elle a même participé à une exposition sur les arts du feu à la Fondation Gianadda, qui a débouché sur un événement dans une galerie parisienne. La rencontre avec le public d’ici et d’ailleurs comble l’artiste. « Le plus beau, c’est lorsque les gens ressentent l’émotion que j’ai  mise dans une création. »

Béatrice Kamerzin n’a pas seulement les mains dans la terre. Ses pieds sont également bien plantés dans celle d’Icogne. Cette Genevoise y a élu domicile il y a quarante ans, par amour pour un certain Martial, qui a présidé la Commune ces huit dernières années. Entre l’atelier et la maison, ses cours et l’accueil de ses petits-enfants, la sexagénaire a fort à faire. Elle souhaite gentiment ralentir le rythme, sans renoncer à son travail artistique. La céramiste imagine sa prochaine exposition « à l’intérieur d’un lieu avec du cachet… j’aime les vieux murs ». 

Plus d'infos: terreenmouvement.ch

Légende photo : Le style de Béatrice Kamerzin refuse les étiquettes : « Le travail de l’argile permet de se retrouver, dans son rapport à soi et aux autres. » © Luciano Miglionico



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