
Il amène l’opéra à Cordona
Il amène l’opéra à Cordona
Musicien de talent, Jean-Philippe Clerc excelle dans de multiples registres musicaux. Il oeuvre à la Haute École de musique de Lausanne, collaborant à de prestigieuses productions d’opéra. Mais son havre de paix, c’est Cordona.
Omniprésente dans sa vie, la musique a d’abord fait écho à la passion du piano. À six ans, Jean-Philippe Clerc débute cet instrument, puis chante avec le chœur du collège de Sion. Doué de ce que l’on nomme « l’oreille absolue », le jeune homme identifie avec facilité les notes : utile pour progresser.
Jean-Philippe obtient sa maturité au collège de Sion puis mène de front les prestations de concert au piano et des études universitaires à l’Institut des hautes études internationales (HEI) de Genève. Diplôme en poche, vient l’heure du choix. À force de « ramer » avec des ensembles musicaux, il cède aux sirènes de la banque privée au sein de laquelle il travaille durant trois ans. « Grave erreur de casting ! », lance-t-il aujourd’hui, dans un éclat de rire.
VOCATION REJOINTE
Le virus de la musique le rattrape. Il a 30 ans, lorsqu’un poste de professeur à la Haute École de musique de Lausanne (HEMU) lui tend les bras. Chef de chant, il œuvre pour l’atelier lyrique, préparant les chanteurs à leurs rôles opératiques. « J’aide les professionnels à entrer dans leur personnage et à mettre en forme leurs visions », image-t-il, faisant référence à la maïeutique de Socrate qui conduit à « accoucher » les bonnes pistes de réflexion chez l’interprète. Il s’agit donc d’un travail de l’ombre, mais avec de magnifiques satisfactions lorsqu’un artiste connaît le succès.
Jean-Philippe Clerc a œuvré en Valais. Il a été l’un des initiateurs de l’association Ouverture-Opéra qui monte des spectacles lyriques. Il a ainsi officié comme pianiste lors des interprétations des Noces de Figaro, Così fan tutte de Mozart ou Alcina de Haendel. D’abord présentés à la Ferme-Asile et aujourd’hui à l’Usine de Chandoline, ces opéras offrent de belles opportunités de développement à de jeunes artistes. « Nous avons contribué à désacraliser l’opéra en Valais. Le plus fascinant dans ces productions c’est la proximité des voix et des instruments avec le public. Une expérience rare et différente de celle des grandes salles. »
ENVIRONNEMENT PROPICE
Notre pianiste séjourne régulièrement à Cordona. Avec son compagnon, professeur de chant au Conservatoire National supérieur de musique et de danse de Paris, ils ont eu un véritable coup de foudre pour ce hameau. « Ici, nous vivons dans un écrin naturel stimulant pour la créativité », lance Jean-Philippe. Et d’évoquer les bienfaits de la marche qui imprime un rythme et permet de se reconnecter.
L’été, les deux amis y organisent des master classes pour de talentueux chanteurs étrangers et suisses. Les candidats se battent pour y participer et vivre une semaine de rêve, alternant travail de la voix et balades dans la nature. Les habitants du hameau se mobilisent pour accueillir ces artistes qui leur offrent, en retour, un concert en fin de stage. C’est Paris sur Cordona !
Légende photo : À Cordona, Jean-Philippe Clerc a trouvé un cadre à la fois ressourçant et inspirant. © Jean-Michel Bonvin