Toute une région gagnée par la folie rose
Toute une région gagnée par la folie rose
Il est midi ce 19 mai. Les cyclistes du Giro d’Italia ne sont pas attendus avant 16 h 30 sur la route de Flanthey. Nous enjambons la moto de notre photographe à Crans et descendons vers Vaas. Une certaine effervescence se fait déjà sentir. Les camions de l’organisation italienne posent encore les panneaux publicitaires au bord de la route. Les spectateurs les plus assidus s’installent et patientent, souvent en musique. Parmi eux, trois amis allemands montent les décibels et déploient leur énorme drapeau national. «Nous suivons quelques étapes cette année. C’est la première fois que nous venons dans la région», soulignent Tom, Ralf et Michael, des fans qui voyagent tous les ans en Europe pour assister à des courses cyclistes. Quelques mètres plus bas, le Fan’s Club de Steve Morabito installe un drapeau valaisan à son nom, comme lorsqu’il était dans le peloton. L’ancien coureur valaisan est le grand patron de cette étape sur le Haut-Plateau. « Son Fan’s Club existe toujours », nous crie-t-on.
GIRO ET CAVES OUVERTES
Vers 12 h 45, nous arrêtons la moto à la cave La Romaine, l’une des trois zones VIP avec celles de Lens et de l’arrivée. «Avoir le Giro en Valais, c’est une pub hors norme pour tout le canton», souffle Bertrand, lui-même adepte de la petite reine, et qui fait partie des 120 convives. Une cave qui a dû s’adapter à ce passage du Tour d’Italie durant le week-end de l’Ascension dédié aux Caves ouvertes. «Nous étions très heureux d’avoir ce grand tour qui passait devant chez nous, mais quand nous avons appris que c’était le vendredi des Caves ouvertes, nous avons cherché des solutions», note Joël Briguet, le propriétaire de la cave. Pas de journée «caves ouvertes» donc, mais la mise en place d’un événement privé en partenariat avec l’organisation de l’étape et Rhône FM. «Nous touchons des gens que nous n’aurions pas touchés autrement et donc nous sommes satisfaits.»
CYCLOTOURISTES PAR CENTAINES
Avant la fermeture de la route aux véhicules motorisés, nous remontons la pente, dépassant des centaines de cyclotouristes qui s’attaquent à cette grimpette qui marque les visages et les esprits. Parmi ces sportifs amateurs, tout le monde est représenté : hommes, femmes, enfants, personnes d’un certain âge. Dans un virage, nous croisons deux amis italiens et leurs fils dans un camping-car. «Nous avons fait la montée jusqu’à Crans-Montana ce matin. C’est difficile, mais le panorama est fantastique», explique Simone.
Il est temps de rejoindre Lens, l’ambiance monte d’un cran. Le départ de la course est donné et l’écran retransmet les images en direct. Le chef de cuisine du restaurant Le Monument, Alessandro Bianchi, est un grand amateur de vélo. Notre photographe avait d’ailleurs effectué l’ascension finale à ses côtés durant la semaine. «C’est surtout difficile jusqu’à Lens. Après, ça va aller très vite. Quoi qu’il en soit, c’est une chance exceptionnelle de pouvoir faire découvrir notre région à mes compatriotes italiens», s’enthousiasme-t-il.
La montée vers Crans-Montana démontre tout le pouvoir d’un grand tour cycliste. Des milliers de personnes sur les derniers kilomètres, du rose partout, du partage, beaucoup de bruit et de la bonne humeur. Un rayon de soleil amène même un serveur italien à dire que ses compatriotes «viennent bronzer en Valais». La folie rosée du Giro a conquis tout le monde. Les sourires sur les visages des personnalités régionales ou cantonales ne laissent pas planer le doute. Le pari est réussi.
Légende photo: Des milliers de personnes ont pris part aux festivités organisées pour le passage du Giro. A Lens, deux heures avant les stars du peloton, les coureurs équipés d'une assistance électrique ont eux aussi été vivement acclamés. ©Luciano Miglioncio
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Toni et Simone sont venus en Valais sans leurs femmes, mais avec leurs fils, Mattia et Nicolò. Frappés par la beauté du paysage, ils en ont profité pour arpenter les pentes de la région, à vélo bien entendu.
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Tom, Ralf et Michael ont fait le déplacement depuis Berlin pour assister à ce qui devait être l'étape la plus difficile de ce Giro. En attendant les coureurs, bières et musique sont au programme.
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La cave La Romaine a participé à la fête avec la mise en place d'une zone VIP et la mise à disposition de ses vignes pour un message clair aux Italiens devant leur poste de télévision : Benvenuti.
Avec PRO VÉLO, les cyclistes sont toujours mieux considérés
Les Valaisans voteront-ils un jour sur une initiative « vélo » ? Rien n’est sûr, mais 4801 signatures ont bien été déposées à l’automne 2022 par diverses personnalités du canton et sous la houlette de l’association PRO VÉLO Valais. «Le hasard du calendrier fait que la loi cantonale sur les transports publics et la mobilité douce quotidienne a été adoptée juste après par le Grand Conseil. Plusieurs points que nous demandions ont été pris en compte», souligne Philippe Jansen, secrétaire de l’association. Les signataires n’ont pourtant pas retiré l’initiative, afin de garder une certaine pression sur les politiques, autant en plaine que dans les communes de montagne, comme celles du Haut-Plateau. «Le Service de la mobilité de l’État et les communes nous approchent souvent en amont pour que nous établissions ensemble les meilleures infrastructures pour les cyclistes, c’est réjouissant. Mais ce n’est pas encore contraignant, donc nous gardons cette initiative sous le coude», conclut Philippe Jansen.
Notre photographe Luciano Miglionico et notre journaliste Samuel Jacquier sont allés au cœur du public et de la course avant l'arrivée du peloton à Crans-Montana. De la zone VIP de la cave "La Romaine" aux virages serrés de Flanthey, en passant par Lens et la folie rose de l'arrivée à Crans-Montana, ils y ont rencontré des personnes, toutes enchantées de voir un grand tour faire halte dans la région.
