Quand l’art se joue des frontières
À la Fondation Opale comme avec la Biennale Crans-Montana, la création permet de relier toutes les cultures et de rallier les sensibilités. Un travail de longue haleine avec de grandes satisfactions à la clé.
L’art se joue des limites géographiques, il les survole avec plaisir. Pour preuve, le livret d’INTERSTELLAIRE qui accompagne la dernière exposition en date de la Fondation Opale. Le texte évoque le «désir d’explorer au-delà des frontières connues». Cet «hymne à la curiosité humaine» se révèle dans la cohérente démarche entamée par la présidente de la Fondation, Bérengère Primat. Le «décloisonnement des géographies» revient régulièrement dans toutes ses interviews.
«En 2018, lorsque nous avons repris ce bâtiment, nous avons tout de suite posé les bases de ce que nous souhaitions faire avec le directeur Gauthier Chiarini. Notre message était de faire découvrir une culture aborigène peu ou mal connue. Mais la première chose à faire était de planter nos racines », décrit Bérengère Primat. «Pour nous, il fallait que les villageois, les visiteurs de ce centre d’art, se sentent chez eux. Nous nous sommes attachés à délivrer un double message à la fois local et universel, sans frontières, issu d’une culture à l’opposé du monde contemporain. Je crois, cinq ans plus tard, que ces racines ont bien pris.»
« HISTOIRE D’ÉNERGIES »
L’exposition INTERSTELLAIRE a été montée en collaboration avec Thomas Hug, fondateur et directeur de la foire d’art contemporain artgenève. Un Thomas Hug investit dans une autre manifestation du Haut-Plateau, la Biennale Crans-Montana. Cet effet de synergie positive, entre la Biennale et la Fondation, est plus qu’apprécié par Bérengère Primat. «J’appelle ça les petits clins d’œil de la vie qui font des hasards heureux. Ils dénotent de curiosités identiques. Thomas Hug, lorsque je lui avais parlé de notre projet, a aussi vu ce qui se passait dans les rues de Crans-Montana avec la Biennale. Il s’y est tout de suite intéressé. Pour moi, c’est une histoire d’énergies qui se mettent en route vers des projets constructifs.»
La Biennale Crans-Montana a débuté en 2019 aux abords de la Fondation avant de s’élargir, en 2021, à la station. Aujourd’hui, cet événement se relie donc avec Thomas Hug, artgenève et sa propre Biennale : Sculpture Garden. Comme à Crans-Montana, elle propose des œuvres exposées en plein air dans la Cité de Calvin. «On arrive toujours à se rencontrer quand on parle d’art », commente Catherine Bellan, moteur et locomotive de la Biennale avec sa complice Sandra Burrus.
Résultat : vingt-cinq œuvres issues des talents d’artistes internationaux (et pas des moindres !) se déploient, notamment, dans la rue du Prado à Crans-Montana. «C’est juste fantastique d’avoir cette opportunité grâce à l’impressionnant carnet d’adresses international de Thomas Hug», continue le duo Bellan-Barras. Modeste, le principal intéressé tempère : «Oui, mais cela se construit sur le long terme et ce n’est jamais terminé !»
DÉLOCALISATION ENRICHISSANTE
Après douze ans à la tête d’artgenève, les possibilités de se diversifier en Valais ravissent Thomas Hug. «Que ce soit ici, en plein air, ou à la Fondation : il y a du volume et de la liberté. J’apprécie cette délocalisation d’artgenève.» Avec didactisme et passion, Hug évoque le curriculum et la démarche de chaque artiste lors d’une visite spontanée pour l’INFO. Nouveauté durant cette troisième édition de la Biennale, l’arrivée d’œuvres à l’intérieur des cinq étoiles de la station. Le Guarda Golf, l’Ambassador ou Le Crans hébergent ainsi des sculptures signées John Armleder, Vincent Olinet, Los Carpinteros voire un Pierre Loye ou deux Valentin Carron, côté valaisan.
Le 15 juin 2023, un passage dans les hôtels concernés par la Biennale permet à Sandra Burrus et Catherine Bellan d’affiner des détails. Le Caterpillar de Wim Delvoye est-il posé sur la juste table ? À la bonne hauteur ? Des échanges fructueux se nouent avec les responsables des lieux. «C’est vraiment le plaisir du partage dans ce qui est une ville à la montagne. Nous échangeons des ondes positives», souligne Catherine Bellan.
Valais, Genève, l’Australie : l’art se joue des limites géographiques, certes. Mais il a besoin d’ambassadrices enthousiastes.
Légende photo: Dans l’exposition INTERSTELLAIRE, à découvrir à la Fondation Opale jusqu’au 12 novembre, l’art aborigène dialogue avec beaucoup d’humour avec des créateurs contemporains choisis par Thomas Hug, d’artgenève. ©Luciano Miglionico
UNE PALETTE ARTISTIQUE AUSSI DIVERSIFIÉE QU’UNIFICATRICE
L’art sous toutes ses formes a trouvé un lieu d’expression privilégié dans la région de Crans-Montana, que ce soit au sein des murs de la Fondation Opale à Lens ou dans les rues de la station à l’occasion de la Biennale Crans-Montana.
Au micro de Joël Cerutti, Bérengère Primat, présidente de la Fondation Opale, évoque INTERSTELLAIRE. Visible jusqu’au 12 novembre 2023, la nouvelle exposition du Centre d’art de Lens fait dialoguer avec humour des artistes contemporains, qu’ils soient aborigènes ou issus d’autres cultures.