Gazouillis en folie
Grâce au calme régnant ce printemps, nos oiseaux ont pu faire entendre leurs chants. Une belle occasion à saisir pour découvrir un échantillon de la richesse de notre faune avicole.
La nature a-t-elle profité de la période de calme imposée par le trop fameux coronavirus ? On pourrait le croire, mais ce n’est pas l’avis de Jérémy Savioz, le chargé d’affaires de Pro Natura Valais. « Effectivement, je pense qu’il n’y a pas réellement d’impact positif pour la nature. »
Pourtant, beaucoup de gens ont eu l’impression que les oiseaux étaient bien plus présents ce printemps, particulièrement durant la période de semi-confinement de mars – avril. « Comme il y avait moins de bruits parasites, on a davantage entendu les chants d’oiseaux. Et les gens ont eu plus de temps pour jardiner ou pour apprécier la nature autour de chez eux, estime le responsable de l’association environnementale. Les animaux n’ont pas changé leur comportement, c’est l’homme qui a réduit son train de vie.»
Alors, quels sont ces oiseaux que vous avez pu entendre ou apercevoir dans les haies, à la cime d’un arbre ou plus haut dans le ciel ? Rares sont celles et ceux qui sont capables de les identifier, surtout lorsqu’on les entend sans les voir. Jérémy Savioz nous en décrit quelques-uns, présents à différentes altitudes et dans divers milieux. Et pour voir si la leçon a porté, associez chaque oiseau à son chant en participant à notre jeu, ci-dessous, en INFO SUP.
Légende photo : Jérémy Savioz, chargé d’affaires de Pro Natura Valais et grand connaisseur des oiseaux. © Paul Vetter
huppe fasciée
Avec un peu de chance, d’avril à septembre, vous pouvez rencontrer la huppe fasciée, dans le vignoble ou dans les prairies sèches, jusqu’à plus de 1000 mètres d’altitude. Cet oiseau un peu plus grand qu’un merle niche dans les cavités, souvent de vieux arbres avec des loges creusées par les pics. On a aussi placé des nichoirs à son intention. La huppe fasciée souffre beaucoup de l’usage des pesticides qui détruisent les insectes et les larves dont elle se nourrit. Son chant est facilement reconnaissable : Ou-pou-poup plusieurs fois répété ; un son sourd, doux, caverneux, mais qui porte très loin.
Hirondelle de fenêtre
Assez courte queue fourchue, dos et tête noires à reflets bleutés, ventre et croupion blancs : c’est l’hirondelle de fenêtre. Elle est présente chez nous d’avril à septembre. Cet oiseau très aérien chasse en vol et se pose peu. Il bâtit son nid sous les avant-toits, contre les murs de maisons, sous les ponts… L’homme la tolère de moins en moins et les architectes rivalisent d’ingéniosité pour les empêcher de s’établir… et de salir les parois. Sa population est donc en déclin. Elle n’a pas vraiment de chant, plutôt un gazouillis peu structuré, un petit babil roulant, aigu.
Rougegorge familier
Avec son plastron orangé, ce petit oiseau est bien reconnaissable. Haut sur pattes, il apprécie les sols nus, les jardins. Il vient volontiers près des maisons si la végétation n’est pas trop haute et qu’il y a des insectes. On le rencontre de la plaine à la limite des arbres. Certains migrent en hiver, mais sont remplacés par d’autres, venus du nord. On en rencontre donc toute l’année. Il se nourrit d’insectes et de larves, puis se tourne vers les baies et les graines lorsque son régime préféré se tarit. Son chant est un peu mélancolique, avec au début des sons élevés et traînants. Mais ses strophes sont très variées, avec une intensité et un rythme changeants.
Cassenoix moucheté
Cet oiseau de taille moyenne, trapu, au bec puissant, fait partie de la même famille que les corneilles, corbeaux et autres geais des chênes. Comme tout corvidé, c’est un oiseau très malin qui, en vue de la mauvaise saison, cache sa nourriture (graines de pommes de pin et de pives) dans le sol et dans les écorces. C’est un oiseau alpin qu’on trouve dès 1000 mètres jusqu’à la limite supérieure des arbres. L’hiver, il peut descendre jusqu’en plaine et il s’approche fréquemment des habitations. Au chapitre du chant, on entend surtout ses Krr Krr Krr très sonores qui portent très loin, des sons durs et roulés souvent répétés.
Merle noir
Le merle noir est un hôte fréquent de nos jardins. Le mâle est d’un noir profond avec le bec jaune, la femelle est brune avec la gorge légèrement striée, tout comme le jeune. Il construit un nid ouvert bien dissimulé dans un arbre. C’est aussi l’un des seuls à nicher dans les haies de thuyas. À toutes les altitudes, sa présence est étroitement liée à celle des arbres, surtout des feuillus. Il se nourrit d’insectes, de larves, de vers, et apprécie aussi les fruits et les graines. Son chant est constitué d’un répertoire très varié ; une longue strophe flûtée, mélodique et sonore qu’il émet souvent de la cime d’un arbre.
Faucon crécerelle
Le faucon crécerelle est un petit rapace qui vit à toutes les altitudes, de la plaine aux alpages. Il niche dans des cavités ou sur un replat abrité. On le trouve aussi bien dans le clocher d’une église qu’au milieu d’une falaise. Quelques-uns passent l’hiver chez nous, mais la majorité migre vers le sud. Le faucon crécerelle se nourrit de petits rongeurs et de reptiles. C’est un spécialiste du vol stationnaire qu’il pratique souvent avant de fondre sur sa proie. On entend son cri, une série de Kii Kii Kii aigus, brefs et sonores qu’il assène en guise d’avertissement lorsqu’il sent son nid menacé.
Gypaète barbu
Le gypaète barbu est un vautour réintroduit dans les Alpes dans les années 80. Les premières reproductions sauvages, en Suisse, ont eu lieu en 2007 à Derborence et dans les Grisons. Aujourd’hui, on en compte entre 5 et 8 couples dans tout le canton. On peut régulièrement l’apercevoir dans le ciel du Haut-Plateau.
Adulte, le gypaète barbu ne mange presque que des os, ce qui en fait l’ultime maillon de la chaîne de recyclage. On le reconnaît notamment à sa queue en forme de losange. C’est le plus grand oiseau qui niche en Suisse. Le gypaète est plutôt silencieux. On l’entend toutefois lors des parades amoureuses où il se manifeste par des sifflements aigus et sonores.
Plus d'infos : Vogelwarte