Le bel âge sur un pas de deux

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Le bel âge sur un pas de deux

Les aînés des trois communes du Haut-Plateau ont fait vibrer le parquet de l’École des Roches à l’occasion du Bal du printemps. Une première et une réussite. Au-delà des élans dansants se pose aussi toute une politique concertée autour des seniors.

Certes, l’invitation était magnifique. Imprimée en quadrichromie sur un papier de qualité, elle affichait une photo représentant un champ de fleurs des plus fournis. Elle était envoyée par voie postale à tous les retraités des communes de Crans-Montana, Icogne et Lens. Mais cela allait-il suffire à les convaincre de venir au Bal du printemps organisé le 1er mai dans une vaste salle de l’École des Roches à Bluche ?

Marielle Clivaz et Nathalie von Dach – conseillères communales en charge du dicastère du social à Crans-Montana et Icogne – espéraient avoir beaucoup d’atouts dans leurs manches. « Le fait d’adresser nominativement un courrier par La Poste, cela donne un message clair beaucoup plus personnalisé qu’un flyer. Nous voulions vraiment toucher tout le monde », dit le tandem appuyé dans l’organisation par son homologue lensard, Bertrand Emery. Un petit temps avant d’ajouter : « Mais nous avions des  questionnements… » Le premier étant de savoir s’il y aurait un retour positif. Elles ont été très vite fixées.

« Les téléphones et les félicitations avec des “ Quelle bonne idée ! C’est génial de penser à moi ! ” ont commencé dès le jour où l’invitation est arrivée dans les boîtes aux lettres. On voyait qu’il y avait une réelle envie. » Au départ, le nombre de places avait été limité à 80. Puis, devant la déferlante d’inscriptions, Marielle Clivaz a contacté l’École des Roches. Pouvait-on monter jusqu’à 100 ? Accepté. Au final, tout le monde a pu s’y rendre. Il restait une ultime inconnue. « Nous réunissions dans une seule et même salle des personnes qui venaient de trois communes différentes. Est-ce que cela allait matcher ? », poursuit Marielle Clivaz. « Dès les premières notes, c’était parti ! Entre danseuses et danseurs, peu importait qu’ils soient de Crans-Montana, d’Icogne ou de Lens. Ils ont eu  beaucoup de plaisir ! », rebondit Nathalie von Dach.

Après trois heures bien rythmées, Marielle et Nathalie ont mis un point d’honneur à saluer tout le monde. Avec une question récurrente sur beaucoup de lèvres : « C’est quand la prochaine ? » Et, prochaine, il y aura ! « Il y a quelque chose dans l’air, promettent Marielle Clivaz et Nathalie von Dach. Voici quelques mois, le fameux MAD Club, la discothèque de Lausanne, a organisé une soirée “ Forever Youg ”, un événement festif pour les plus de 60 ans. Cela a fait un tabac. Alors qui sait, quelque chose du style verra peut-être le jour sur le Haut-Plateau… »

DE PROFONDS LIENS SOCIAUX

C’est ici que se situe une bascule. Car la légèreté de la danse entraîne des liens sociaux bien plus profonds. Et cela pose un principe de base. « Lorsque nous mettons sur pied une manifestation de ce genre, on ne le fait pas seulement pour les aînés, mais on  essaye de le faire avec les aînés. Nous donnons des impulsions, cependant cela signifie aussi que nous devons nous entourer et impliquer les personnes concernées », témoignent nos deux conseillères communales.

Survient alors l’effet domino bien connu, une action positive en entraîne une autre. Un après-midi, comme celui du 1er mai amorce des discussions et débouche sur des échanges nettement plus pratiques. Les « Dis-moi la prochaine fois que tu auras besoin d’un coup de main » tombent. Tout en sachant bien que tout tient aussi dans le dosage. « Les aînés n’ont pas forcément envie d’avoir tout le temps quelque chose. Par contre, si on leur demande de nous épauler, ils seront là », remarque Marielle Clivaz.

ÉTABLIR UNE LIGNE DIRECTRICE

Les 65+, d’ici 2030, représenteront le 30 % de la population valaisanne. La Commune de Crans-Montana, en collaboration avec Pro Senectute, a voulu identifier leurs besoins afin d’établir une ligne directrice claire et cohérente. Un questionnaire a donc été envoyé à 3500 personnes. Après un premier dépouillement, dans la station comme dans les villages, quatre « focus groupes » de 15 à 20 personnes ont été constitués. Les résultats de ce travail des plus conséquents seront dévoilés à la fin de l’été. « Le 12 septembre,  nous organiserons une soirée publique au Régent. Il y aura, en plus, des ateliers pour mieux comprendre tout ce qui gravite autour des aînés (CMS, désormais aussi installé sur le Haut-Plateau [voir notre article] , Pro Senectute, AsFam…). Il était important de questionner nos aînés pour élaborer une politique communale en faveur des seniors », relève Marielle Clivaz. 

  1. Marielle Clivaz et Nathalie von Dach ont mis en mouvement les retraités des trois communes.

  2. Le Bal du printemps a connu un vif succès. Une seconde édition est déjà en cogitation.

  3. Une ambiance chaleureuse a régné sur et autour de la piste de danse.

Légende photo : L’École des Roches a ouvert ses locaux aux aînés. Une façon de marquer son implication dans la communauté du Haut-Plateau. Il arrive aussi que les élèves servent des repas au Foyer Christ-Roi. © Luciano Miglionico

Echanger les expériences

Le 20 mars 2024, la Fédération valaisanne des retraités (FVR) mettait sur pied le premier séminaire Communes-Seniors. Une entreprise menée en amont et présidée par Patrice Clivaz qui était fort présent et actif dans la réussite de cette rencontre organisée à Sierre, dans les bâtiments du complexe Corinna Bille.

Au travers de mini-conférences puis d’ateliers, son but était d’échanger les expériences entre les diverses autorités du canton. Chacune pouvant faire bénéficier l’autre de ses idées. « Il s’agissait d’apporter des pistes concrètes pour améliorer l’accompagnement des seniors », glisse Christian Bonvin, coprésident avec Marianne Mathier de la FVR.

Rares sont les responsables valaisans qui n’ont pas saisi cette occasion. La liste des participants dévoile pas moins de quarante personnes issues uniquement des administrations communales. Dont évidemment Marielle Clivaz et Nathalie von Dach. Leurs  impressions ? « Il est toujours intéressant de comparer les besoins d’une commune comme Crans-Montana qui compte environ 10 000 habitants et voir comment ces derniers peuvent faire écho avec ceux de la commune d’Icogne qui dénombre environ 640  habitants. Et d’observer comment des collectivités de tailles équivalentes gèrent de telles questions. »

Reflets filmés

Les visages affichaient des mines particulièrement réjouies sur le plancher fraîchement rénové de la salle de réception de l’École des Roches. Valses romantiques, tangos sensuels et rock and roll enjoué se sont succédé toute l'après-midi, faisant bouger des aînés heureux de pouvoir se rencontrer dans un cadre chaleureux et convivial comme l'atteste la vidéo de Pierre-Armand Dussex.

 



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