La dolce vita de Crans-Montana

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La dolce vita de Crans-Montana

La lettre d’amour entre le Haut-Plateau et l’Italie s’écrit depuis au moins huit décennies. AmItalia entretient la pensée de sa culture humanitaire. L’Automobile Club de Crans-Montana ou le Meeting International Fiat 500 & Vespa jouent sur une admiration plus concrète.

L'esprit italien ne se limite pas à la vingtaine de pizzerias dénombrées dans la station de Crans-Montana. Il se déguste de bien d’autres façons. Les premiers hôtes transalpins découvrent le Haut-Plateau à la fin des années quarante du siècle passé. Dès cette date, les gazettes recensent les noms sélects. Côté royauté, la reine d’Italie Marie-José, le prince d’Italie Victor-Emmanuel de Savoie honorent notre région de leur présence. Et le gotha du cinéma ne demeure pas en reste. Silvana Mangano, Dino De Laurentiis, Sophia Loren, Lino Ventura (né à Parme, fier de l’être et qui ne prit jamais la nationalité française), Roberto Benigni s’avèrent des visiteurs, voire des résidents, de prestige. Sans oublier Gina Lollobrigida, une amoureuse de Crans dès 1958 (lire encadré).

Les échanges culturels se traduisent également par des liens tissés avec la Scala de Milan. La promotion touristique du Haut-Plateau n’a ainsi jamais hésité à honorer les « clients fidèles ». En 1991, au Golf Club de Monticello, proche de Milan, une réception récompense 150 d’entre eux avec concours de putting, vols en montgolfière et raclettes. De l’intense qui ne faiblit aucunement de nos jours.

LES VALEURS DE LA RENAISSANCE

Notre esprit italien trouve une âme avec l’association AmItalia, fondée en 2018 par Federico Montarsolo. Né à Sierre d’un père peintre – Carlo Montarsolo – Federico possède depuis vingt ans un chalet à Bluche. Épaulé par son épouse, productrice à la télé italienne, Federico choisit des documentaires qu’il propose dans le cinéma de Crans-Montana et d’autres salles en Suisse.

Sa sélection puise dans une palette infinie entre peinture (Titien, Michelangelo), littérature (Italo Calvino), 7e art (Fellini), design ou mode (Missoni, Borsalino), musique (Paolo Conte).

Federico Montarsolo, qui s’est d’abord investi dans les relations internationales, souhaite à présent transmettre « des valeurs universelles et humaines qui remontent à la Renaissance ». Les projections d’AmItalia se prolongent par des débats avec des intervenants de marque. Et ça marche. « Au début, il y avait une trentaine de personnes à Crans-Montana, dont une dizaine que je connaissais. Maintenant, nous somme huitante. Cela devient un peu comme une famille où nous adorons partager de bons moments ! »

Federico Montarsolo complète sa programmation par une semaine de la culture italienne, en octobre, avec la Fondation Opale. Il organise encore des voyages dans les grandes cités transalpines. « Avec pas plus de vingt participants », dit celui qui préfère nettement la qualité au nombre. Il veut néanmoins intensifier le rayonnement d’AmItalia en Suisse, ajoutant d’autres villes à Genève et Zurich avec lesquelles il collabore déjà.

L’ÂME DES VOITURES

Nelson Philippe, ancien pilote et président de l’Automobile Club de Crans-Montana, ne tarit pas d’éloges émerveillés sur les carrosseries italiennes. « Quand on est gosse, c’est souvent le premier modèle réduit que l’on reçoit à Noël. Déjà là, ces voitures rouges, qui vont vite, elles font rêver ! » Adulte, cela ne se calme pas. « Lorsqu’on les conduit, leur bruit, la sensation éprouvée, tout cela déclenche un grain de folie. Ce sont des voitures qui ont une âme. Elles ne sont pas froides et rigides comme les modèles allemands et elles sont mieux construites que les anglaises », apprécie Nelson Philippe.

De la fougue, il en faut aussi pour tenir depuis 2005 le Meeting International Fiat 500 auquel ce sont ajoutées les Vespa dès 2017. Nicolas Othenin-Girard, le seul non-italien du comité de bénévoles, a su glisser son mètre nonante dans sa Fiat 500. « Oui, c’est l’illustration de la dolce vita. Il y a, en plus, une dimension familiale derrière cette voiture. On a tous en tête cette image de départ en vacances où on arrive à tout caser sur et sous le toit ! Il existe une grande communauté de passionnés, ils connaissent chaque modèle. Pas une Fiat 500 ne ressemble à une autre. Les véhicules de collection suscitent un fort émerveillement. » La 20e édition, enfin de retour avec son village sur la patinoire d’Ycoor, prévoit son lot de rallyes, d’expositions ou de repas. À la sauce italienne, cela va sans dire.

Plus d’infos

-> amitalia.eu

-> automobileclubcm.com

-> facebook.com/500desalpes

  1. Le 31 août et le 1er septembre 2024, le Meeting International Fiat 500 & Vespa passe le cap des vingt éditions grâce à une équipe bénévole des plus motivées.

    ©Thomaz Melly

  2. La Ferrari, l’absolu dans le mythe de la voiture italienne. Nelson Philippe, président de l’Automobile Club de Crans-Montana, témoigne que « c’est un rêve de la conduire ».

    ©Pixabay

  3. Gina Lollobrigida dans le Journal de Sierre, le 22 janvier 1960. Elle était déjà depuis deux ans une habituée de la région et surtout de Crans.

    ©DR

Légende photo : AmItalia a su résister à la pandémie en proposant des films et des débats en ligne sur une plateforme de streaming. Son fondateur, Federico Montarsolo, préfère les projections et les débats avec un « vrai » public. Prochain rendez-vous au Cinécran : le 25 août. © Luciano Miglionico

QUAND GINA VOULAIT TOURNER À CRANS

Le 2 octobre 1962, dans une interview people accordée au Nouvelliste, Gina Lollobrigida s’emporte : « Je veux devenir Valaisanne et élire définitivement domicile à Crans. » L’article révèle que l’actrice italienne habite au 5e étage de l’immeuble Les Grands-Espaces avec vue sur le golf et les Alpes. Mais elle vient d’acquérir un chalet à Crans, Les Sapins rouges, construit par un comte russe.

Elle veut y tourner des scènes d’un film : Le dégel avec Richard Burton comme partenaire et Ennio De Concini au scénario. Ce joli plan tombera à l’eau.

La vente du bien immobilier s’embrouille. Fin janvier 1964, le Journal et feuille d’avis du Valais nous apprend que Gina intente, sur Genève, un procès au propriétaire du chalet. « Il s’était adressé à une régie à Genève pour traiter cette affaire, mais aurait nié par la suite la validité du contrat de vente faisant valoir qu’il n’avait pas donné mandat de faire l’opération comme elle l’a été. » La presse se montre ensuite discrète sur l’issue du procès. Des photos de l’agence Keystone nous indiquent le 23 avril 1963 que Gina habite bien aux Sapins rouges. La promesse du « dégel », elle, s’évapore comme neige au soleil.



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