Le couteau suisse de toutes les passions
Dans la région, Natal Borgeat connaît quasi tout le monde, du plus jeune au plus âgé. Mais qui connaît son parcours de vie ? Survol en vitesse grand V de l’itinéraire d’un enfant du pays, ardent défenseur du patrimoine.
La vie (et la conversation) de Natal Borgeat se compare à une balle magique. Elle rebondit sans cesse. Sa dernière trajectoire l’a conduit à être chauffeur « guide » de bus SMC depuis dix-huit ans. « C’est la synthèse de tout ce que j’ai fait avant », résume Natal.
Cela commence par une formation de mécanicien qu’il mène en parallèle avec plein de hobbies plutôt sportifs : pêche, foot, caddie, vélo. Plus une activité comme professeur à l’École de ski. « J’y ai appris la pédagogie, la façon de bien parler aux gens. » Son apprentissage terminé, Natal part sur les routes, voyage. Ce qui lui donne la facilité de s’exprimer en quatre langues.
De retour au pays, il se remet à la mécanique, chez son patron. Il sent fourmiller d’autres envies. L’une d’entre elles s’appelle Canal 9, télévision locale alors ouverte aux bénévoles. Natal y devient un vrai couteau suisse. Il filme, il monte, il interviewe, il gère le son lors des directs. « Ce n’était pas évident. Après toute une journée de travail à l’atelier, il fallait vérifier tous les câbles. Certains n’étaient pas bien branchés, il y avait des parasites. Des fois, on n’arrivait pas à commencer à 19 heures. » Natal réglait même la petite vis qui déterminait la puissance du signal envoyé dans le réseau.
D’UNE TRADITION À L’AUTRE
En parallèle, il apprend que Jacky Duc et Benoît Robyr veulent développer le Hameau de Colombire. Il abandonne la mécanique et s’en voit confier le gardiennage. On lui dit d’y d’attendre les clients. Pas question pour Natal de rester assis. À l’École du tourisme, il part étudier les techniques de communication. Il interroge les aînés sur leur vie, il transmet sa passion du patrimoine dans un musée qu’il développe.
Pas de discours appris par cœur, toujours du ressenti. En parallèle, il tient aussi la buvette. « C’était assez lourd pour moi tout seul. Heureusement, des jeunes de la région me donnaient un coup de main. »
Pour animer le 1er Août, au lieu de faire venir des lanceurs de drapeaux depuis Berne, Natal décide de tâter à ce sport national. « Ignace Barras, mon ancien patron d’apprentissage, le faisait déjà. J’ai intégré son groupe. » Il se forme auprès d’un maître haut-valaisan en la matière, Hansrüedi Zbinden. Atteindre un niveau honorable dans ce domaine lui demande une bonne dizaine d’années. D’autant qu’il faut apprendre une centaine de mouvements différents. Une tradition en entraînant une autre, il se met à jouer du cor des Alpes. En 2024, le Chermignonard se déclare heureux au volant de son bus SMC.
Cela me calme, car j’ai un côté un peu Zébulon. »
Il s’investit encore, avec Sylvie Doriot, dans le partage de l’histoire du Haut-Plateau via l’association AEA Art-Ethno-Archi. Un nouveau rebond. Quelles que soient les déclinaisons, le principal intéressé prévient : « Je suis Natal et je resterai toujours Natal, on ne me changera pas. »